De l’urgence d’investir dans la sécurité et la résilience logistique de l’Arctique canadien.
Lettre ouverte par
M. Daniel Dagenais, Président et chef de la direction, Groupe NEAS
M. David Rivest, Président-directeur général, Desgagnés Transarctik inc.
M. Saul Polo, Directeur général, Armateurs du Saint-Laurent
L’évolution des besoins en approvisionnement des communautés nordiques, les activités liées à l’extraction des ressources naturelles, la présence croissante d’armateurs étrangers dont l’évaluation des risques liés au passage du Nord-Ouest peut différer, ainsi que les effets progressifs du recul de la banquise, soulignent la nécessité d’une révision stratégique de notre logistique maritime dans l’Arctique canadien. Confrontés à cette nouvelle réalité, les dirigeants des Armateurs du Saint-Laurent, du Groupe NEAS et de Desgagnés Transarctik, appellent les décideurs fédéraux et provinciaux à agir urgemment pour renforcer la sécurité, la résilience économique et le développement durable de l’Arctique canadien.
La sécurisation et la modernisation immédiate des corridors d’approvisionnement constitue un des besoins les plus pressants. Afin de garantir la fiabilité des escales et de diminuer les risques liés à la navigation en eaux arctiques, il est nécessaire d’investir rapidement dans des technologies innovantes tels que les données et prévisions environnementales, les données et prévisions des glaces, une bathymétrie à haute résolution et les infrastructures. En plus de renforcer la prévisibilité et la sécurité des opérations, ces investissements ouvrent de nouvelles perspectives économiques en augmentant la productivité et diminuant les émissions de carburant.
Notre souveraineté passe également par un meilleur soutien au développement local, permettant d’assurer la « logistique du quotidien » : sans chaînes d’approvisionnement robustes, il n’est pas possible d’assurer la sécurité, ni de livrer les biens essentiels attendus par la population et les entreprises de la région. Investir dans le logement nordique et la formation locale, c’est permettre de livrer plus rapidement les bases de recherche et sauvetage, des soins de santé et des offres d’emploi structurantes pour nos jeunes.
Les défis environnementaux auxquels nous faisons face exigent des mesures concrètes : le renouvellement de la flotte vers des carburants propres, le contrôle des émissions, et la mise en place de protocoles concertés avec les communautés inuites pour la sécurité environnementale, notamment dans les zones d’opérations maritimes et portuaires prioritaires.
Face aux risques émergents — changements climatiques, imprévisibilité des glaces, l’intérêt grandissant pour l’utilisation du passage du Nord-Ouest et cybermenaces —, seule une coopération étroite entre armateurs, autorités publiques et assureurs permettra de rassurer les investisseurs et de garantir le développement durable du secteur. Nous demandons l’intégration rapide des projets d’infrastructures portuaires au programme des grands projets, la protection du cabotage arctique et la publication annuelle d’indicateurs logistiques ainsi que mesurer les impacts sociaux de nos opérations.
Notre appel est simple : l’Arctique revêt une importance économique et stratégique qui mérite mieux que des promesses. Il est temps d’investir dans des solutions concrètes et de placer la résilience maritime au cœur des politiques nationales. Ce n’est qu’en unissant nos forces que la sécurité, le développement et la prospérité de l’Arctique pourront devenir réalité.
Les principaux acteurs de la navigation dans l’Arctique canadien se sont réunis le 10 octobre dernier au Château Frontenac, à l’occasion d’un déjeuner-conférence portant sur la Navigation commerciale dans l’Arctique, en présence du député de Beauport-Limoilou, Steeve Lavoie, en représentation de l’honorable Joël Lightbound, ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, député de Louis-Hébert.